CAPRICORNE a participé à la réunion publique de l’ADMD ( L’Association pour le droit de mourir dans la dignité) le 25 mars 2017.

Cette réunion publique a pour but de parler de la fin de vie, des directives anticipées et des personnes de confiance ainsi que de défendre une loi légalisant l’euthanasie et le suicide assisté.

L’ADMD est l’une des plus grande association Française avec presque 70.000 adhérents en France (dont plus de 250 à La Réunion). Dans cette perspective, l’ADMD entend obtenir qu’une loi visant à légaliser l’euthanasie et le suicide assisté et à assurer un accès universel aux soins palliatifs soit votée par le Parlement, comme le réclament 96% des Français interrogés par l’institut de sondage Ifop en octobre 2014.

En voici le compte rendu.

Droit de Mourir dans la dignité.

Compte rendu de la conférence du 25 mars 2017

 

Devant plus de 120 personnes dans la salle polyvalente de la mairie de Saint Denis Christophe Michel, Jocelyne LAURET et Bernard ROBERT docteur en pharmacie ont ouvert la conférence. M. Omar Banian, le représentant du Groupe de dialogue inter-religieux (GDIR) les a rejoints en cours de conférence.

 

Après les mots d’accueil de Jocelyne LAURET (voir mémo annexé), la déléguée régionale de l’association, la parole est donnée à Christophe MICHEL secrétaire national en visite à la Réunion.

 

Deux axes sont abordés par le conférencier.

L’information sur les droits actuels du citoyen face à la mort.

La loi Claeys Leonetti du 2 février 2016 qui n’a pas donné satisfaction comme en témoignent un très récent sondage IFOP : 90% des français se déclarent en faveur du suicide assisté, 95% se déclarent en faveur de l’euthanasie.

Jusqu’à ce que la loi ne condamne plus ces choix, nous n’avons pas la liberté de choisir notre fin de vie

Nous avons la possibilité d’écrire nos directives anticipées qui permettent de déclarer à l’avance ce que chacun autorise au passage de la vie à la mort. Celles-ci devraient être respectées par le corps médical sauf, comme l’exprime la loi « en cas d’urgence vitale pendant le temps nécessaire à une évaluation complète de la situation et lorsque les directives anticipées apparaissent manifestement inappropriées ou non conformes à la situation médicale » ; ce qui n’est clair pour personne mais, en tout état de cause porte atteinte à la liberté du malade.

La difficulté est encore aggravée par le fait que peu de gens sont vraiment au fait de la loi et des droits ou des non-droits de chacun et ce, qu’il s’agisse du personnel médical ou des patients eux-mêmes.

Ce n’est que récemment qu’une campagne publique a été organisée sur les directives anticipées pour lesquelles le Gouvernement refuse toujours d’instaurer un fichier national.

Heureusement que l’ADMD est là pour gérer le fichier des directives anticipées et aussi pour éditer et diffuser une plaquette sur les droits relatifs à la personne malade et en fin de vie.

 

La plaquette de l’ADMD présentée par son secrétaire général reprend toutes les recommandations

Droit au refus de tout traitement

Droit au soulagement de la douleur

Droit à la sédation

Droit à la prise en compte des directives anticipées

Droit de se faire représenter par une personne de confiance

Ces droits doivent être connus. C’est la lutte pour la dignité.

A cinq semaines du premier tour de l’élection présidentielle, l’ADMD a invité samedi dernier, les candidats à une grande réunion publique au cirque d’Hiver Bouglione, à Paris, au cours de laquelle ils ont été appelés à exprimer leur position sur la question du droit de mourir dans la dignité devant 2000 militants.

Ils sont trois, aujourd’hui à s’être prononcés favorablement au suicide assisté et à l’euthanasie (M. Poutou, M. Hamon et M. Mélenchon, ce dernier se prononçant même pour une modification constitutionnelle allant dans ce sens) ; les autres candidats faisant fi des résultats du dernier sondage :

  • Sur le suicide assisté, se déclarent pour : 86% des électeurs de Fillon et de Hamon, 91% des électeurs de Macron et 94% des électeurs de Le Pen et de Mélenchon.
  • Sur l’euthanasie, se déclarent pour : 91% des électeurs de Fillon, 94% des électeurs de Hamon et de Mélenchon, 96% des électeurs de Macron et 99% des électeurs de Le Pen.

Par ailleurs, le même sondage révèle que, pour 39% des français, les questions liées au droit de mourir dans la dignité, auront une forte influence dans leur vote (26% pour les électeurs de Fillon, 38% pour les électeurs de Hamon, 40% pour les électeurs de Macron, 45% pour les électeurs de Le Pen et 49% pour les électeurs de Mélenchon.

Enfin, 1 français sur 3 (32%) est prêt à renoncer à voter pour le candidat dont il se sent le plus proche si celui-ci se déclare opposé à l’euthanasie (19% des électeurs de Fillon, 28% des électeurs de Macron, 33% des électeurs de Le Pen et de Mélenchon et 35% des électeurs de Hamon.

Il nous apparaît donc important pour les candidats de se positionner d’autant que, ce droit ne sera jamais une obligation et qu’il ne retirera rien à ceux qui y sont opposés à l’euthanasie et au suicide assisté et qui voudraient finir leur vie … autrement.

 

Ainsi, alors que la quasi-totalité des Français sont favorables à la légalisation de l’euthanasie, comme 60% des médecins, il faut que les élus mettent en œuvre la volonté des français. D’autant, que chacun sait, que l’aide au suicide et l’euthanasie ne sont pas des pratiques inexistantes de nos jours. Mais tout se passe dans la confidentialité, ce qui n’est pas sans risque de dérive…..

C’est au nom de la liberté, de l’égalité, et de la fraternité que ce discours est chaleureusement entendu et applaudi par les présents.

 

Le docteur Bernard ROBERT pharmacien aborde un historique de la douleur et sa prise en compte par Me Cicely SAUNDERS en 1919. La morphine est la base du traitement.

Aujourd’hui le traitement de la douleur s’accompagne de soins palliatifs auxquels la famille est associée. Ces soins permettent dans la liberté de conscience de supporter la mort. Mais ils ne suffisent pas. Par ailleurs, toutes les souffrances ne sont pas physiques. Que fait-on de la souffrance morale et de la souffrance psychologique ?

La question du rapport entre la religion et la mort sera abordée. Il existe pour chacun des rites de passage de la vie à la mort.

 

Mr BANIAN représentant le groupe interreligieux de la Réunion (GDIR), que Christophe MICHEL avait rencontré la veille, fait état de la position des diverses religions pratiquées à la Réunion.

L’éventail des positions n’est pas très large. Toutes les religions s’opposent au suicide. « Dieu nous a donné la vie, l’humain ne peut décider de la supprimer »

Quant à la douleur et la souffrance les religions s’accordent pour dire que l’au delà se gagne par l’épreuve.

Peu de religions s’opposent aux soins palliatifs  ainsi qu’à l’acharnement thérapeutique.

Toutes mettent en avant le rôle de la famille dans l’accompagnement du mourant.

 

Après ce temps d’exposé la parole est donnée à la salle.

Plusieurs intervenants rappellent que la population est hétérogène à la Réunion et que les athées sont en nombre suffisant pour que leur parole soit prise en compte. Cette population souhaite que la loi soit reprise et que le suicide assisté y soit inscrit.

Des interventions font état d’une médecine déshumanisée et soumise aux contraintes budgétaires fort éloignées de la dignité du malade en fin de vie.

A noter une forte participation de jeunes qui viennent témoigner de leurs préoccupations.

De nombreux témoignages font état des bienfaits des soins palliatifs mais dénoncent la difficulté d’accès au regard de l’insuffisance d’équipement des hôpitaux (80% des demandes restent insatisfaites en France, nous n’avons pas les chiffres à La Réunion).

De nombreuses questions sont posées aux intervenants sur la mort et la liberté, ils répondent sans artifices.

Des précisions sont demandées sur les directives anticipées et sur la façon de les mettre en œuvre.

 

Madame LAURET remercie tous les participants et ils ont été nombreux à participer et, pour certains, venant de diverses associations : ADMD , Mutualité de la Réunion, Présence Nord (accompagnement en soins palliatifs, Oriapa, Fondation Père Favron, FARE, Maison du diabète, …

 

La séance se termine par une collation.

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