Les Rites

La Franc-Maçonnerie, en tant qu’Ordre Initiatique, transmet son initiation en plusieurs fois. Elle considère que la Vérité s’acquiert par un enseignement graduel. Ainsi, l’initiation maçonnique est complètement achevée lorsque le Franc-Maçon atteint le troisième degré, celui de Maître Maçon.

Qui dit enseignement graduel, dit “grades”. Ce vocable militaire est sans doute issu des Loges militaires, fort nombreuses sous l’Ancien Régime et sous l’Empire. Le terme de “degré” est aussi utilisé. Ainsi, il y a 3 degrés dans la Franc-Maçonnerie universelle et traditionnelle. Ils sont :
Apprenti Franc-Maçon
Compagnon Franc-Maçon
Maître Franc-Maçon

Dans tous les rites, dans tous les pays, ces trois grades existent avec les mêmes mots et signes de reconnaissance. C’est ce qui fait son universalité. Ces trois degrés sont la base de la Franc-Maçonnerie. Ils doivent être pratiqués au sein d’une même loge.

Néanmoins, ceux ne sont pas les seuls degrés, dans la Maçonnerie. Chaque système de rite en a rajouté d’autres. Par exemple, le Rite Écossais Ancien et Accepté compte 33 degrés. Mais attention, les degrés qui vont du 4° au 33° sont appelés “hauts grades” ; les obédiences traditionnelles ne s’en occupent pas. Cela n’est pas de leurs compétences. D’autre organismes (Suprêmes Conseils, etc…) les administrent.

Pour être membre de ces “hauts grades”, il faut obligatoirement être membre d’une Loge dite “bleue”. La Loge bleue est la Loge telle qu’on l’entend, c’est à dire celle qui pratique les 3 premiers degrés et qui appartient à une Grande Loge.

Dans l’organisation maçonnique générale, les “hauts grades” sont isolés des 3 premiers degrés. Ainsi, il existe des Loges spéciales qui pratiquent des degrés du 4° au 14°, d’autres du 15° au 18°, etc, selon une hiérarchie bien précise.

On peut considérer les “hauts grades” comme un approfondissement de la Maîtrise. Le degré ultime reste le 3° degré. Les Anglais appellent le système des “hauts grades” la Side-Masonry : la Maçonnerie d’à côté.

Mais vous ne verrez jamais une Loge maçonnique pratiquer un rite du 1° au 18° par exemple. Cette Loge ne pourrait être maçonnique car elle “briserait” l’initiation qui repose sur les 3 premiers degrés et la légende hiramique.

L’initiation maçonnique n’est pas rapide en France. Un Maçon va rester entre 1 et 3 ans Apprenti puis il sera proposé pour passer Compagnon. Alors, il restera aussi entre 1 et 3 ans avant de passer Maître. Dans d’autres pays comme les USA, un candidat (un non-Maçon) peut devenir Maître en 3 mois. C’est une pratique courante. Il n’existe théoriquement pas de “rythme” pour passer d’un degré à un autre, néanmoins, une bonne connaissance du rituel, des rites, du symbolisme du rite pratiqué et de la Franc-Maçonnerie me semble être un élément fondamental pour qui souhaite devenir Maître.

Cette partie du site vous présente donc différents rites en usages dans le Monde en général, au Grand Orient de France et à la Réunion en particulier.
Le rite historique du Grand Orient est le Rite français. Il est le rite de référence de toutes les loges, celles pratiquant une version spécifique de celui-ci ou un autre rite bénéficie d’une double patente. La majorité des loges pratiquent (environ 900 loges) le Rite français, la plupart dans sa version « Groussier ». 300 loges environ pratiquent d’autres rites dont le Grand Orient détient les patentes, tant des « loges bleues », que des « hauts grades ». Les rites pratiqués sont :

Le Rite français

rite francais

Ce rite est né en 1783 avec la constitution au sein du Grand Orient de France d’un Grand Chapitre Général de France, intégré à l’obédience en 1787. Ses statuts et règlements généraux prévoyaient que le rite était composé de 5 ordres. C’est en 1801 que les rituels des différents ordres furent publiés.

La particularité de ce rite est son articulation autour de la symbolique de la Rose+Croix. Il était qualifié de “Moderne” car il faisait appel au symbolisme en usage à la Grande Loge d’Angleterre (dite des “Moderns”).

Avec les évènements de 1877 (la suppression de l’obligation de croire en Dieu et en l’immortalité de l’âme), le rite tel qu’il était pratiqué au Grand Orient de France a été modifié et une grande partie de sa symbolique relative au compagnonnage a disparu. Le rite Français d’aujourd’hui dit “Groussier” (tel qu’il est pratiqué par la plupart des loges du Grand Orient de France) n’a plus grand chose à voir avec le rite de 1783.

Cependant, depuis une dizaine d’années des Frères du Grand Orient ont rallumé les feux du Grand Chapitre Général de France. La pratique du rite dans sa forme originelle a donc été conservée au sein du Grand Orient de France par quelques Loges.

le Rite écossais rectifié
rer

Le Rite Écossais Rectifié (RER) est une rite très inspiré de la chevalerie templière. Il est né en 1778 à Lyon en France à l’occasion du “Convent des Gaules”. On trouve à son origine le rite Allemand dit de la “Stricte Observance Templière”. Il contenait à l’origine quatre degrés symboliques : apprenti, compagnon, maître et maître écossais, un Ordre intérieur chevaleresque en 2 étapes écuyer-novice et chevalier bienfaisant de la Cité Sainte, une classe “secrète” : Profès et Grands Profès.

Les rituels du Rite ont été principalement écrits par Jean-Baptiste Willermoz. Le rite disparut peu après la Révolution Française. Plusieurs tentatives furent entreprises pour le réveiller. Des Grands Prieurés qui avaient été créés pour l’administrer, seul subsista le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie.

En 1910, le Grand Prieuré d’Helvétie aida des Frères à créer sur le sol Français une Loge travaillant au Rite Écossais Rectifié. C’est ainsi que fut fondée à Paris la Loge de Saint André “Le Centre des Amis”. En 1911, la loge symbolique “le Centre des Amis” fut allumée sous les auspices du Grand Orient de France.

L’aspect profondément Chrétien du Rite Écossais Rectifié fut controversé par de nombreux membres du Grand Orient de France. La Loge “le Centre des Amis” fut contrainte à quitter le Grand Orient pour s’ériger en “Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière pour la France et ses Colonies” (actuelle GLNF) en 1913.

Le Grand Prieuré des Gaules (GPDG), organisme inter obédientiel chargé d’administrer le Rite Écossais Rectifié, fut créé en France en 1935 par le Grand Prieuré Indépendant d’Helvétie. Une Grande Loge Rectifiée dépendant directement du GPDG fut également créée. Cette Grande Loge pratiquait le RER dans son acceptation la plus complète, à savoir que ses Loges Bleues comprenaient les 4 degrés symboliques du RER : Apprenti, Compagnon, Maître et Maître Écossais de St André. Des Frères de la Grande Loge Rectifiée, de la Grande Loge de France et de la Grande Loge Nationale Indépendante et Régulière s’y retrouvaient pour pratiquer le RER.

En 1958, le Grand Prieuré fût contraint de se rattacher à la Grande Loge Nationale Française. Les Loges de la Grande Loge Rectifiée furent absorbées par la GLNF. Des Loges de St André furent créées pour les Frères possédant le 4e degré symbolique. Le rôle du Grand Prieuré des Gaules fut dès lors limité à l’administration du Rite à partir du 4e degré. Les Frères du GPDG appartenant à d’autres obédiences durent créer un autre Grand Prieuré (ainsi qu’une nouvelle obédience : la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique – Opéra) .

Le Grand Prieuré des Gaules n’a jamais vraiment admis les contraintes imposées par la GLNF. Il chercha petit à petit à reprendre le contrôle des Loges symboliques rectifiées de la GLNF.

En mai 2000, le Grand Prieuré des Gaules se détacha de la GLNF afin de redonner au RER ses lettres de noblesse. Nombre de Frères fidèles au RER suivirent le GPDG (environ 50 Loges). Depuis, la GLNF a interdit à ses membres pratiquant le RER de fréquenter le GPDG.

Le Grand Prieuré des Gaules est aujourd’hui complètement indépendant et autonome. Un Directoire National des Loges du Rite Écossais Rectifié (DNLRER) administre ses Loges bleues en 4 grades. Il existe en France plusieurs Grands Prieurés masculins régissant le Rite. Ils sont tous nés du Grand Prieuré des Gaules. Ils sont :
1.Le Grand Prieuré Indépendant de France (celui du Grand Orient de France)
2.Le Grand Prieuré de France (celui de la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra)
3.Les Grands Prieurés Unis des Trois Provinces (recrutant principalement à la Loge Nationale Française)
4.Le Grand Prieuré Écossais Réformé et Rectifié d’Occitanie (et la Grande Loge Écossaise Réformée et Rectifiée d’Occitanie)
5.Le Grand Prieuré des Gaules (et son Directoire National des Loges Réunies et Rectifiées)

Le 6 décembre 2008, en la salle du conclave du Palais d’Avignon, les 4 premiers de cette liste ont signé un protocole ainsi qu’une charte de référence commune dans la pratique de ce rite. Il nous est permis d’espérer voir la réunification des différents Grands Prieurés sur le territoire Français, tel que cela était avant 1958.

Il est important de noter que ce rite s’est également diffusé au sein de la Grande Loge Féminine de France qui possède désormais, depuis 2008, son Grand Prieuré : Le Grand Prieuré Féminin de France. Ce Grand Prieuré entretient d’excellentes relations avec ses homologues masculins cités plus haut.

En 2011, le Grand Prieuré des Gaules se rapproche des signataires du Convent d’Avignon en signant des traités formels avec plusieurs d’entre eux. Ce groupe de grands prieurés peut être considéré comme le seul qui, de par son histoire et ses filières de transmission soit légitime en France. D’autres structures, plus récentes, sont nées de schismes ou de scissions.

Jean-Baptiste Willermoz, Louis-Claude de Saint-Martin et Martinez de Pasquali sont considérés comme les “Pères Spirituels” du Rite. Pour en faire partie, il faut être Chrétien ou accepter sans réserve son caractère chrétien.

Le Rite écossais ancien et accepté
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Le Rite Écossais Ancien & Accepté (REAA) est officiellement apparu au début du 19e Siècle. Cependant l’histoire de ce rite est l’aboutissement du mouvement dit Écossais (ce que nous appelons aujourd’hui l’Écossisme) qui apparut en Angleterre entre 1733 et 1735. Des écrits attestent de l’existence de “Scotch Masons” (Maçons Écossais) dés cette période.

L’Écossisme est à l’origine un mouvement qui se caractérise par une multiplication des grades au delà de celui de Maître Maçon.

Les premiers Maîtres Écossais apparaissent à la Grande Loge en 1743 en France. Le mouvement a évolué. Il a pris la forme que nous lui connaissons le 24 Juin 1801 à Charleston aux États-Unis. Voici cependant quelques étapes de son évolution.Une personne a contribué à la création du Rite Écossais : Étienne Morin. Ce Frère (1717-1771) débarqua en 1763 à Saint-Domingue. Il était muni d’une patente d’organismes liés à la Grande Loge de France lui permettant de créer des “hauts grades”. Morin créa, adapta et modifia un système en 25 degrés à partir de différents grades pratiqués en Europe. Ce rite est connu (mais plus pratiqué) aujourd’hui sous la dénomination de “Rite de Perfection” . Le degré ultime de ce rite était celui de “Sublime Prince du Royal Secret”, l’actuel 32e du REAA aujourd’hui. Contrairement à une idée généralement reçue, ce rite ne fût pas pratiqué en France.

Le système conçu par Morin va être modifié et remanié pour aboutir à un système en 33 degrés : Le Rite Écossais Ancien & Accepté.

C’est en décembre 1802 qu’une “circulaire aux deux hémisphères” annonça la création d’un Suprême Conseil du 33e degré des États Unis d’Amérique le 31 mai 1801 à Charleston.

En France, ce Rite est arrivé grâce au Comte Alexandre François Auguste De Grasse-Tilly, membre du Suprême Conseil de Charleston. De Grasse-Tilly s’empressa de fonder le “Suprême Conseil pour le 33e degré en France” qui naquit officiellement à Paris le 22 décembre 1804.

C’est grâce au traité d’union (encore appelé “Concordat”) de décembre 1804 unissant le Rite Ecossais au Grand Orient que ce dernier le reçu en son sein. Alors que le Suprême Conseil pour le 33e degré en France était en sommeil, cette obédience fonda en 1815 un Suprême Conseil des Rites qui eut Germain Hacquet, ancien Grand Officier du Suprême Conseil de France comme premier Souverain Grand Commandeur. Le Suprême Conseil de France fut réveillé en 1821 .

En 1965, le Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil de France voulu rallier la sphère d’influence Britannique, contre l’avis du reste de l’Ordre. Il quitta donc le Suprême Conseil de France pour fonder en 1965 le Suprême Conseil Pour la France, rattaché à la Grande Loge Nationale Française. Il dû se faire ré-initier aux 33 degrés du Rite Ecossais Ancien et Accepté. C’est ainsi que cette obédience se procura ce rite.

Il existe donc aujourd’hui en France 3 Suprêmes Conseils qui administrent le Rite :
Le Suprême Conseil de France (1804/1821) souché sur la Grande Loge de France,
Le Suprême Conseil du Rite Ecossais Ancien et Accepté (1804/1815) souché sur le Grand Orient de France,
Le Suprême Conseil pour la France (1965) souché sur la Grande Loge Nationale Française.

Curieusement, ce rite n’est pratiqué dans les trois premiers degrés que dans les obédiences européennes, à l’exception d’Israël et de quelques obédiences Africaines. Les États Unis ne le pratiquent que dans les hauts-grades, du 4e au 33e degré (quelques Loges bleues pratiquent ce rite aux USA, en Louisiane principalement).

Le Rite ancien et primitif de Memphis-Misraïm

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Le Rite de Memphis Misraim, encore appelé rite Égyptien, tient une place à part dans la rituélie maçonnique Française (et Mondiale).
Dès la première moitié du XVIII° siècle on trouve trace, en Europe, de prétendus rites pharaoniques. En 1777 un Chapitre de l’Ordre des Architectes Africains travaille à Paris. Une quinzaine d’années plus tard l’alchimiste Etteilla fonde, à Lyon, le rite des Parfaits Initiés d’Égypte. Et puis à Toulouse, à Auch, à Montauban, dans le début du XIX° siècle, apparait un rite des Amis du Désert. Mais, de tous ces rites chétifs, pour la plupart mort nés, seuls deux vont survivre : Misraïm et plus tard Memphis qui finiront par s’associer puis fusionner.
C’est un rite issu de l’écossisme dont il reprend entièrement les 33 premiers degrés auquel il en a ajouté 66 autres. Il a une très forte connotation ésotérique (De grands noms de l’occultisme tels Papus, Robert Ambelain… en ont fait partie).

 

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